« entre les Belges, les Flamands et les Rhénans ». Peut-être cela équi- vaudrait-il encore à dire que son art se situe « aux confins du réalisme, de l'expressionnisme et de l'idéalisme » (J. Bouret). De fait, sa retenue, sa noblesse, sa « mesure » distinguent ]. Kutter aussi bien des Allemands que des Flamands (Fr. Elgar). Notre artiste a beau étre « en tout énergique et franc », parfois méme « un peu brutal 5. et trouver des accents «d'une gravité rugueuse, farouche, tétue» (J. Cassou); il ne cesse d'émouvoir « par la sincérité du sentiment humain qui l'anime ». Ce poéte dramatique, dont l'univers est sans douceur. sans transparence (P. Descargues), et l'art pesant autant que puissant (Cl. Roger-Marx), a toujours « le désir de tempérer les outrances et de les réduire », une « volonté de modération » qui lui font mêler la ten- dresse à la véhémence (Cl. Roger-Marx), et qui donnent à son art de la tenue (B. Dorival), une « pathétique discrétion ». J. Kutter trahit son sentiment très humain en « imaginant moins qu'il ne sent ses paysages et ses personnages ». Ceux-ci nous apprennent que son âme est sensible à la détresse de l'homme (B. Dorival). « Héri- tier direct des manuscrits à peinture d'Echternach, qui disaient l'espoir et la peine des hommes » (]. Bouret), il nous apporte un message dou- loureux (B. Dorival), dans un dialogue tranchant avec cette farce qu'est pour lui la vie (CI. Roger-Marx). Quelque tranchant, toutefois, que ce dialogue puisse paraître, il n'est pas rare de le voir trouver, sous le pinceau de l'artiste, une expression très largement humaine (B. Dorival); J. Kutter ne cesse de décrire une « réalité poétisée », avec quelque amertume qu'il le fasse. Et c'est ainsi que sa peinture devient « avec un goût et une force qui enchantent et captivent, un cri d'agonie merveil- leuse qui marque le drame de la bête et de l'esprit» (J. Bouret); à la façon, un peu, de certains reliefs et chapiteaux du Moyen Age. Et, de méme que dans ceux-là l'artiste a su s'exprimer avec force tout en respectant un cadre rigoureusement délimité, de même Kutter nous propose une « œuvre qui s'est poursuivie dans des limites pictu- rales assez strictes, sans doute, mais dont la qualité est manifeste » (« Combat »). Il n'en mérite que davantage l'« estime» de la critique internationale; « il a désormais sa place dans toutes les histoires de l'art » (P. Descargues). ]. M. Q