blématiques soient des portraits, 11 arrive aussi qu'ils donnent des ceuvres plus personnelles en traitant des sujets historiques ou poétiques, mais de telles ceuvres constituent des surprises, des surprises qui ne sont cependant pas si rares chez Makart, dont par ailleurs la peinture est à la fois si superficielle et si tapageuse. L'art qui se crée en Autriche aprés 1850 a moins de vitalité que celui de l'époque précédente. Dans un milieu oü fleurit d'un côté la peinture idéaliste des épigones et de l'autre le préimpres- sionnisme cultivé des paysagistes, une forte personnalité ne peut étre qu'un opposant, qui se condamne à la solitude. C'est là la situation d'Anton Romako, l'artiste autrichien le plus sin- gulier de la seconde moitié du siécle et l'une des personnalités les plus curieuses, les plus ambigués de l’époque. L'ambiguité de ‘son art s’est toujours opposée et continuera sans doute à s'opposer à la pleine reconnaissance de ses vertus. Pendant son séjour en Italie il frappe longtemps avant tout par sa virtuosité technique, mais pour une bonne part cette virtuosité est au service d’une peinture de genre qui répond au goût de l'époque. Toutefois au cours des dernières années qu'il passe à Rome, son art se fait très audacieux, et c’est un psychologue pénétrant qui s'annonce dans les portraits. Rentré en Autriche, 11 exécute ces surprenants paysages de Gastein qui, à côté d'une singulière émotion, offrent maint élément impressionniste, bien que ce soit plus tard seulement qu'il entre en contact avec l'impres- sionnisme à Paris. Dans les œuvres qu’il peint vers la fin de sa vie, on trouve, toujours fácheusement mélés, il est vrai, à des traits conventionnels, des pressentiments de l'avenir. Si l'on pense à Hodler devant la forme monumentale et pleine de tension de l'amiral Tegetthoff à la bataille navale de Lissa, on pense à Munch devant la sagacité de l'analyse psychologique dont témoignent les portraits, et à Kokoschka devant l'expres- sionnisme « pictural » qui se voit par exemple dans le Camp de Bohémiens. Cet expressionnisme avant la lettre atteste qu'un lien pro- fond rattache la peinture de notre siécle, la peinture moderne, à celle de l'époque précédente. Pour le reste toutefois, il y a entre elles une rupture des plus radicales. La nouvelle tendance qui apparait d'abord n'est d'ailleurs pas l'expressionnisme, c'est