qu a vivifier, a mettre en valeur. Ce que Klopp aime par-dessus tout, n'est-ce pas la jeunesse du jour et de l'année? En évoquant cet air de petite fille blonde et qui sourit, que l'on voit au ciel de Remich, en exécutant tous ces vaporeux paysages mosellans aux teintes amorties, séduisantes et subti- lement nostalgiques, a-t-il connu la tentation de s’abîmer dans la brume, de ne nous offrir que le spectacle de son évanouis- sement? De foute façon, ce qui l'aura empêché de se perdre, c'est que, s'il a aimé la nature, il ne l'a pas préférée à l’art. Disons mieux, il l'a aimée en peintre. Après lui avoir rendu l'hommage de son émerveillement, il lui a présenté celui de ses pinceaux. Il n'a pas cru manquer de respect à son égard en la retouchant d'une main amicale, pour la mieux faire vivre dans le tableau. Il n'a pas pensé que les arbres perdraient de leur réalité sil ne les composait que de quelques aplats bleu-vert, ni que les bords d'un ruisseau seraient faussés s'il les frottait d'un peu de violet, de lila, d'ocre rose, de jaune crayeux. Et cette lumière qu'il a si visiblement adorée, il n'a pas eu peur de la trahir en la fixant sur sa toile dans une pâte assez nourrie qui, aux finesses du ton, ajoute les charmes d'une matière lisse et brillante comme un œil. À quoi reconnaît-on l'attiste-né, sinon à ce souci de nous apporter, en plus des émotions que suscitent de touchantes images, ces satisfactions et cette délectation si particuliéres que procure un agencement original de couleurs savoureuses et de traits frémissants? JOSEPH-EMILE MULLER Chargé d'Éducation esthétique. 10